lundi 4 octobre 2010

Ce qu'on laisse derrière

Klaxon.

J'arrête mon vélo derrière la petite Honda Civic jaune qui vient de freiner brusquement devant moi. 

Klaxon. Klaxon.

Nous sommes dans une petite rue tranquille de Rosemont, un dimanche après-midi d'automne. Je suis déjà en retard pour notre partie de hockey cosom.

Klaaaaaaaaaxon. Klaxon.

Passager à casquette dans la voiture canari devant moi: 
"Criss! Tu sais pas de parker! Pousse-toé man!"

Klaxon. Klaxon. Klaxon. Klaxon. Klaxon. Klaxon. Klaxon.

Femme fâchée qui sort de son balcon au 3e étage: 
"Heille! Faut juste être patient le grand! Tu ne vois pas qu'il a de la difficulté?

Klaxon. Klaxon. Klaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaxon. 

Passager à casquette furieux:
"Ta yeule toé sinon..."

Au même moment, la grosse Buick réussit son parallèle, la Honda démarre en trombe et ne permet pas la finale glorieuse de cette phrase venimeuse.

Immobilisée sur mon vélo mauve, ridiculisement armée de mon bâton de hockey et de mon casque à fleurs, je ne peux m'empêcher de me poser la question: 
"et sinon quoi?"

Où sont passé les bonnes manières et le civisme? Depuis quand les gens ne se rencontre plus dans des regroupements de toutes sortes pour partager des passions communes, ne font plus de commérages inoffensifs sur le balcon de l'église ou devant le dépanneur, ne se disent plus bonjour entre voisins de palier? Est-ce que nos univers cybernétiques individualistes créent des gens inaptes à vivre en société?

Nos écrans d'ordinateurs se transforment en confessionnal où tous nos secrets restent cachés derrière des pseudonymes sans âme mais ouverts au public sans nom. D'où vient la peur d'être identifié sur le web? Est-ce qu'on se promène avec une cagoule dans la rue? Est-ce que ça découle vraiment de la peur du vol d'identité ou de la peur d'être démasqué? Et qu'est-ce qui se passe lorsque nous n'avons plus peur des réprimandes parce qu'on ne sait plus sur quel site se trouver une morale?

Les comportements que l'on croit sans répercussion sur le web ne doivent pas vivre dans la réalité où les échangent à visage découvert sont possibles et où parfois, un homme s'y prend à deux fois pour réussir un stationnement en parallèle.


 

1 commentaire:

  1. Ah non! Encore cette idée que tout était mieux dans le temps.

    C'est quand même pas la faute au progrès si ton gino civic avait l'hormone un peu sensible. Il a quand même rien inventé. 100% que les commérages n'étaient pas inoffensifs sur les perrons d'églises!

    Des regroupements de gens qui partagent leur passion? Le net en fourmille. L'information est plus accessible et de meilleure qualité. Tu fais de l'origami, des maisons dans les arbres ou du verre soufflé en position yoga? Tu trouveras une gang de crinqués qui seront plus qu'heureux de t'épater avec leur prouesses et de discuter de leurs techniques.

    L'anonymat laisse place au côté sombre de l'humain. T'as raison là-dessus. Mais c'est pas la faute du net. Pense aux émeutes de séries. Je peux te trouver des archives en noir et blanc qui, sauf peut-être les claques que les gens lançaient, feront assez 2010.

    Et surtout, rien à voir avec un cave impatient dans son char.

    Bonne chose que tu aie eu ton hockey et ton casque à fleur parce que moi à ta place...

    Dom :)

    RépondreSupprimer