samedi 4 décembre 2010

Tout le monde à bord.

L'automne, c'est de loin ma saison préférée. Il fait froid, on sort les gros chandails de laine et les foulards, la nature arborent ses plus belles couleurs, on inaugure le foyer, on fabrique des costumes pour l'Halloween...etc. Je pourrais faire une note complète seulement sur les bonheurs d'octobre.

La seule chose que je reproche à l'automne, c'est qu'elle force l'hibernation des vélos. 

Je déteste les transports en commun. J'aime mieux marcher une heure en talon haut en pleine tempête de neige ou coller ma langue sur le poteau gelé des horaires d'autobus que de prendre le métro bondé un matin ensoleillé. 

Fidèle à mon habitude, j'étire toujours la date fatidique ou je devrai me résigner à ranger ma bicyclette: je change de trajet lorsque la piste cyclable commence à être glacée, je mets ma tuque en dessous de mon casque et des mitaines par dessus mes gants lorsqu'il fait -10 degrés celsius...jusqu'à ce que je n'ai plus le choix et que je m'achète, résignée, ma passe mensuelle de la STM.

Vendredi dernier, je me suis dirigée vers mon arrêt d'autobus habituel avec l'entrain d'un enfant allant chez le dentiste. Je me suis mise dans la file indienne, silencieuse, tentant de faire le deuil de mon vélo mauve lorsque, après trois passages d'autobus hors service, la bête est arrivée. Vrombrissante, pleine à craquer, les fenêtres humides cachant les visages ternes des gens à bord, la 197 était exactement ce que je me rappelais d'elle.

Les portes se sont ouvertes et j'ai été accueillie, contre toutes attentes, par le sourire chaleureux de son chauffeur. Le monsieur, derrière son gros volant, saluait tous les nouveaux passagers, complimentait le chapeau de la vieille dame, agaçait l'adolescent qui cherchait son portefeuille, rappelait le nombre de passages restants sur les cartes Opus des voyageurs. J'étais sous le choc. Dans cet autobus, les gens étaient souriants, les gens s'échangeaient des regards complices! Et le chauffeur en ajoutait: il commentait le trajet et faisait des jeux de mots avec le nom des rues que l'on croisait. Je redécouvrais ma ville. Exemple cocasse: "Arrêt Normandville. Puisqu'être coincés dans un autobus le matin c'est une Norme-en-ville." 

Tout essai pour égayer un trajet d'autobus doit être salué et encouragé. J'ai donc souri de bon coeur tout en remarquant que la foule autour de moi faisait de même. Je vivais le moment de collectivité qui m'avait toujours échappé du terme transport en COMMUN. Je croyais depuis des années que la seule chose que nous avions tous en commun était le drame de tous le prendre ensemble quotidiennement.

Arrivé à la station Rosemont, notre chauffeur d'autobus s'est transformé en pilote de ligne. Il nous a décliné l'heure d'arrivée, la météo et les activités de la fin de semaine à ne pas manquer. Beaucoup de gens ont fait l'effort de sortir par la porte de devant pour le saluer et lui dire comment leur trajet avait été amical grâce à lui. Il va sans dire que j'étais parmi ces personnes.

J'avais le coeur léger lorsque je me suis engoufrée dans le puit sans fond du métro...


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